Jeudi 23 février 2023
L'Épicerie CLÉMENT
M. et Mme Clément et leur fils Michel en 1947.
L'épicerie se situait au 33, rue de la Justice dans le quartier des Cités Solvay.
M. et Mme Clément ont racheté cette épicerie-café-restaurant et s'y sont installé en 1947 pour en faire une épicerie-café en supprimant l'activité restauration.
Les débuts furent assez difficiles : c'était juste après la guerre, à l'époque des pénuries alimentaires, des tickets de rationnement et aussi de la concurrence puisqu'il y avait deux autres épiceries (Chalouette et Communello) dans cette même rue.
Mais M. Clément était très motivé et courageux, tôt le matin il partait avec sa petite 2CV-camionnette pour se ravitailler auprès des commerçants au marché couvert de Nancy et des fermes environnantes afin de bien achalander son magasin et satisfaire la clientèle.
J'ai commencé à fréquenter cette épicerie dans les années 1960 dès que je fus en âge de faire "les commissions" comme on disait en ce temps-là, mes parents étant clients, ils m'envoyaient chez Clément pour les courses journalières car cette époque il n'y avait pas ou peu de supermarchés et encore moins de voitures donc c'était à l'épicerie du coin que l'on se ravitaillait.
La fameuse 2CV camionnette de M. Clément avec leur fils Michel ( vers 1952/53)
On y trouvait de tout dans cette épicerie: l'alimentation générale, les produits ménagers, la viande et charcuterie de la maison Bertaud, le pain frais de chez Vonau, la crémerie et fromages, les boissons (eaux,bières,alcool) et bien évidement les bouteilles de vin de la Craffe avec la petite bille rouge sous la capsule !
Nous, les enfants, ce qui nous intéressait surtout c'était le rayon bonbons et friandises avec ses Carambars, Malabars, réglisses Zan, Coco Boer, roudoudous, Carensac, chewing-gum Hollywood, etc... et aussi le fameux Mistral gagnant si tendrement chanté par Renaud.
Un petit rayon mercerie pour les ménagères où elles pouvaient acheter de quoi coudre ou tricoter (pelotes de laine,bobines de fil, aiguilles...) et même des bas et collants nylon ! C'était le rayon réservé de Mme Clément.
Et encore un petit rayon bazar avec des piles électriques, ampoules et lampes de poche Wonder, rustines et colle pour vélo etc...
Les dimanche et lundi étaient jours de fermeture alors il fallait prévoir pour ne manquer de rien pendant ces deux jours-là, mais le lundi un épicier ambulant (les Eco) passait dans les rues des cités ce qui permettait de se dépanner.
M. Clément faisait aussi quelques ventes saisonnières : fruits et légumes des maraîchers du quartier, quelques fleurs (jonquilles et muguet) au printemps, des chrysanthèmes à la Toussaint et même des sapins pour Noël .
L'entrée du café attenant à l'épicerie avec le petit-fils Clément
Le samedi après-midi était réservé aux livraisons à domicile du vin de la Craffe : beaucoup de familles consommaient du vin de table et par conséquent ils l'achetaient par caisse de dix bouteilles d'un litre, M. Clément livrait directement chez eux avec sa camionnette aidé d'un gamin du quartier; les bouteilles étant consignées il récupérait les caisses vides et les remplaçait par les pleines, c'était un travail très harassant qui revenait toutes les semaines et toute l'année et aussi loin que je m'en souvienne: je n'ai jamais vu cette épicerie fermée pour congés annuels !
L'essentiel de sa clientèle était constitué de familles des Cités Solvay, mais il y avait aussi des habitants de la rue de la Justice et de quelques rues avoisinantes. Souvent M. Clément faisait crédit à ses clients habituels, on payait au mois ou à la quinzaine, il notait sur un carnet les sommes que les familles lui devaient. Il y avait quelquefois des conflits car les tickets de caisse avec lui c'était le crayon sur l'oreille et le petit calepin dans la poche du tablier, et souvent le ticket était perdu ! alors il fallait bien noter les sommes dépensées (ma mère le notait sur le calendrier dans cuisine). Je me rappelle lorsque le facteur venait apporter l'argent des "allocs" ma mère filait directement à l'épicerie afin de payer à Mr Clément les achats de la quinzaine. De temps en temps, il y avait des retards de paiement et là M. Clément stoppait net les crédits et ne servait plus les clients mauvais payeurs, alors les familles se débrouillaient et se dépannaient à l'épicerie du bas (chez Bayle).
Mr et Mme Clément, leur chien, G.Baudelot (accroupie) et Mme (?) vers 1965/66
Il y avait aussi le café accolé à l'épicerie avec sa clientèle d'habitués constituée principalement d'ouvriers et de retraités surtout après la fermeture de l'amicale Solvay, beaucoup d'entre eux venaient jouer aux cartes ou aux dominos devant un canon de rouge ou une bonne bière de Champigneulles. C'était le lieu de rendez-vous des chasseurs et pêcheurs du quartier, M; Clément en faisait partie (il possédait un étang en Meuse) et ses lundis de repos étaient consacrés à ces loisirs. Quand il ramenait un trophée de chasse ou de pêche, il le mettait en exposition devant son magasin et les clients pouvaient admirer le sanglier ou le brochet que quelquefois il mettait en vente.
M; Clément et Robert François avec un beau brochet !
Voilà cette épicerie a prospéré et fonctionné pendant presque 38 années dans ce quartier populaire de Maxéville, ce magasin était très apprécié par la clientèle et ses propriétaires étaient très estimés.
M. et Mme Clément ont fermé leur épicerie en fin 1984 pour une retraite bien méritée, l'épicerie n'a pas eu de repreneur et a été vendue. De nos jours c'est devenu une maison d'habitation, mais elle reste gravée dans notre mémoire pour beaucoup d'entre nous.
l'épicerie Clément aujourd'hui
article JM Kowal
Maxéville racontée par Jean Cornevaux
Voici un très bel article écrit par Mr Cornevaux, publié au printemps 2016 dans la revue "Villages Lorrains" à laquelle il participait activement
Le 18 octobre 2016 il nous avait invité chez lui, un après-midi durant lequel il nous a raconté tant de souvenirs, avec parfois une pointe d'humour. C'était un homme absolument charmant et quelle chance nous avons eu de le rencontrer.
Maxévillois d’origine tout comme son père Charles, surveillant chez Solvay et dernier bedeau à l’église arborant fiérement son costume
Petit rappel pour les plus jeunes : un bedeau est un employé laïque préposé au service matériel dans une église, mais aussi à l’ordre pendant l’office, ouvrant notamment le passage du clergé lors des processions
Les bedeaux de Maxéville :
le costume
Jean Cornevaux est décédé dimanche à 98 ans. Né le 25 janvier 1924 à Maxéville, il épouse le 20 avril 1946 la Malzévilloise, Paulette Xouillot. Trois fils naissent de leur union, Jean-Paul, Michel et François, qui lui donnent la joie d’être 9 fois grand-père et 14 fois arrière-grand-père.
Il est professeur d’histoire-géographie au lycée Poincaré et les anciens de Malzéville l’accueillent comme le dernier vigneron du coteau. Ce qui s’explique par sa grande passion pour la terre et la vigne (sur laquelle il avait fait son mémoire) qu’il met en pratique dans son jardin extraordinaire d’agrément et d’élevage de Malzéville… Professeur le matin, paysan l’après-midi.
Chevalier des Palmes Académiques et Chevalier du Mérite Agricole, il participe à la Sté d’Horticulture, la Sté des Sciences, à « Villages Lorrains », au Jardin botanique. Il y donne, ainsi que sur France Bleu, des conférences très documentées. Sa dernière compagne Caroline l’a accompagné jusqu’à ce dimanche où il s’est éteint paisiblement. Ses obsèques seront célébrées lundi 8 novembre à 10 h 30 à St-Michel, suivies de l’inhumation au cimetière de Malzéville.
Le site des Brasseries défiguré
1900
1960
2008
2011
2014
2015
2018
3 septembre 2018 : démolition de la conciergerie
quelques jours plus tard en octobre : le portail fragilisé et menaçant de s'effondrer est détruit à son tour
JDM n°26 novembre-décembre 2018
2018 disparition du canon
2019
2022 destruction du pavillon COLIN ou laboratoire
notifié par Ch.Labrusse